ERRO - Finger

ERRO - Finger

Sérigraphie, 2009, H. 100 x L. 70 cm
Editeur : Jean Villevieille
N° 6/175
Collection : GAC
Numéro d'inventaire : GV.2015.54
Issue du fonds Jean Villevieille, éditeur sérigraphe, Saint-Étienne.
Disponible

« Tout, absolument tout a déjà été photographié, filmé, dessiné, _alors pourquoi vouloir créer encore de nouvelles images. »

Né en 1932 en Islande, Gudmundur Gudmundsson dit Erró vit et travaille à Paris depuis 1958. Il est l'un des pionniers du mouvement de la Figuration narrative « qui nous apprend à voir ce que nous avons déjà vu » (Paul Fournel). Son oeuvre s'attache à la profusion des images et à leur diffusion, inventant des formes de narrations, des grilles de vocabulaire, une grammaire et une rhétorique inédites. Entre 1955 et 1964, Erró met en place sa singularité artistique, passant d'une peinture à la première personne, à un art purement basé sur les images produites par la culture de masse. Son travail se déroule en quatre étapes. La première consiste à accumuler des documents et à découper des fragments d'image (pages de livres, comics, revues d'art, publicités, affiches, bandes dessinées, etc.). Ensuite, il tourne, retourne et juxtapose ces lambeaux d'images pour composer un collage. Les images, jeunes ou laides, cultivées ou ignares, entrent en collision les unes avec les autres, sur la toile. Ce collage est transposé sur un support souvent via un procédé d'agrandissement (reproduction par dessin à main levée ou au moyen d'un épiscope ou projecteur). Enfin, dernière étape, il peint les contours de ses personnages avant de les colorer. Travaillant par série, il aborde les thèmes de la politique, de la religion, ou encore de l'érotisme, dénonçant l'absurdité de la société contemporaine.

Cette sérigraphie semble faire référence à l'héroïne Séléné (la Reine noire) du Club des damnés, issue des comics de Marvel. La composition est découpée telle une page de bande dessinée. Ce personnage à longue chevelure noire, enfourchant une moto, au rictus presque guerrier, illustre l'archétype de la femme fatale hyper-sexualisée pour vaincre ses ennemis masculins. L'héroïne provoque le spectateur avec ce majeur tendu, geste vulgaire et synonyme de l'expression « va te faire voir ». À travers ce mélange de violence, de sexualité et d'agressivité féminine, Erró rend un hommage ironique à la bande dessinée américaine.

Bibliographie :
Erró au MAC Lyon, hors-série, Beaux-Arts Magazine éditions, octobre 2014.
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