SPOERRI Daniel - Bicentenaire de la Révolution du Marquis de Sade

Photomontage, sérigraphie, 1989, H. 57,4 x L. 79,8 cm
Editeur : Atelier Alain Uldry - Berne
N° 14/100
Collection : État
Numéro d'inventaire : D-2006.1.42 / FNAC 89 259/
Dépôt du Centre national des arts plastiques. Dépôt du Département de l'Ardèche. Fait partie d'une série intitulée « Estampes et Révolution, 200 ans après », commande publique du Ministère français de la Culture à l'occasion du Bicentenaire de la Révolution française.
Disponible

Daniel Spoerri est né en 1930 à Galatzi en Roumanie. Avant d'adhérer au groupe des Nouveaux Réalistes en 1960, il est un homme de spectacle : danseur, mime et metteur en scène. L'artiste est connu pour sa série de « Tableaux-pièges », dont le but est de fixer une situation sur son support du moment (une chaise, une table, une boîte). Par exemple, un repas terminé, Spoerri colle les restes sur une planche (assiettes sales, mégots écrasés, bouteilles vides, etc.) et ce qui était destiné à la poubelle est consacré en oeuvre d'art.

Daniel Spoerri choisit de faire référence au marquis de Sade (1740-1814), dont l'oeuvre fut réhabilité par les surréalistes au début des années 1960. L'écrivain pousse à l'extrême les contradictions de l'époque et tente de les dépasser dans l'obsession sexuelle et la production littéraire. Grand libertin, il s'agit d'abord pour Sade d'un exercice anodin de privilégié et un luxe de grand seigneur. Entre Paris et la Provence, vont se succéder scandales, emprisonnement, évasions jusqu'en 1778, date qui marque le début d'un enfermement de douze années, réduisant le grand seigneur à l'impuissance et le libertin à la continence. Une seule compensation : l'écriture. Parallèlement à Aline et Valcour (1795) ou aux Crimes de l'amour (1800) qui devraient l'imposaient comme écrivain , il publie des ouvrages pornographiques. Sur fond de drapeau tricolore et de feuillage, cette estampe présente une statue qui porte en triomphe un pénis en érection, déclinée trois fois. Représentant d'un Ancien Régime corrompu pour les uns, le marquis de Sade incarne pour les autres la violence révolutionnaire, devenant ainsi au xxe siècle la référence obligée des avant-gardes en mal de scandale.

Bibliographie :
J.-P. de Beaumarchais, D. Couty et A. Rey (sous la dir. de), « Sade », Dictionnaire des littératures de langue française, Bordas, 1998, p. 2213-2219.
Estampes et Révolution, 200 ans après, cat. exp. Centre national des arts plastiques, 27 juin-27 août 1989, ministère _de la Culture et de la Communication, 1989, p. 50-51.
DASP-001