BRUNSCHWIG Colette - Sans titre

Estampe numérique, 2008, H. 24,7 x L. 19,7 cm
12 exemplaires édités
Editeur : Jean-Pierre Huguet éditeur
Œuvre réalisée avec le GAC au cours de l'exposition de Colette Brunschwig du 11 mars au 9 avril 2017.

Prix de vente : 100 €

Disponible

Née au Havre en 1927, Colette Brunschwig est l'un des peintres les plus significatifs de la seconde moitié du XXe siècle. Elle se rend à Paris en 1945, où elle est « confrontée à un monde chaviré auquel l'art va à nouveau essayé de donner forme ». Elle est le témoin des Années blanches (1945-1950), dues à une véritable coupure avec les années d'avant-guerre et où les artistes font l'expérience du vide. Elle a suivi l'enseignement d'André Lhote à l'École des beaux-arts de Paris et peint véritablement depuis 1955. Elle découvre à cette époque l'art de l'ancienne Chine dans son lien essentiel avec la notion de vide.
L'oeuvre de Colette Brunschwig puise sa source dans un questionnement : comment peindre lorsqu'il n'y a plus rien ? En quoi la peinture doit-elle continuer à exister ? La peinture étant débarrassée de sa destinée de reproduction, l'abstraction est donc un départ : non pas un point d'horizon qu'il faut atteindre, mais un point d'où partir et tenter de voir s'il est encore possible de créer quelque chose.
« L'extermination a ouvert, dans son impossible possibilité, dans son immense et insoutenable banalité, l'après-Auschwitz », écrit Philippe Lacoue-Labarthe à propos du poète Paul Celan(1), dont Colette Brunschwig fut proche et dont la peinture est la forme de cet après : un espace où s'ouvre l'impossible possibilité. Elle n'a jamais peint pour « faire beau », mais pour faire « juste », et ce avec une rigueur qui a fasciné des penseurs et poètes comme René Char, Emmanuel Lévinas ou Jean Bollack.

Cette estampe est caractéristique de l'oeuvre de Colette Brunschwig qui ordonne le vide en un langage en noir et blanc afin que naisse un sens qui donne un nouvel élan à l'univers et à la lumière. Creux et reliefs, frôlements ou incisions créent un rythme complexe fait de fluidité et d'épaisseur. Tout rappelle les tourments de l'être qui a pourtant disparu visuellement. Ici le noir et le blanc peuvent être considérés comme ombre et lumière. Ils se réduisent alors à de purs contrastes, à une luminosité qui semble s'épaissir et se voiler jusqu'à l'obscurité totale. Le blanc a besoin du noir pour s'animer et vice-versa.

(1) Paul Celan (1920-1970) est un poète roumain, naturalisé français en 1955. Auteur d'une oeuvre absolument novatrice, il est souvent considéré comme le plus grand poète de langue allemande de l'après-guerre. Toute la poétique de Celan tient dans son impératif, à la fois moral et esthétique, de créer ce qu'il appelait une « contre-langue », qui consistait en une mise en accusation implacable et définitive de la langue et de la culture allemandes dont la Shoah était l'aboutissement.

COBR-004-V