DOLLA Noël - Sniper, 14 mai 2018 n° 7
Œuvre originale, acrylique sur papier, 2018, H. 40 x L. 30 cm
Signé et daté juillet 2018 au dos
Exemplaire hors-commerce
Collection : GAC
Numéro d'inventaire : GD-2022-01
Don de Bernard Collet, 2022
Né en 1945 à Nice, Noël Dolla est un artiste peintre et plasticien qui depuis 1967 construit son œuvre autour de l’expérimentation de la peinture. Sa matérialité, ses modes d’apparition, son support, sa surface sont continuellement remis en question – à l’image des principes du mouvement Supports-Surfaces qu’il cofonde. C’est en réduisant le geste minimum en peinture (la ligne) à son origine (le point) que l’artiste élabore les bases de son langage pictural. Cherchant à faire « éclater l’idée de tableau comme lieu privilégié de la peinture » et refusant la technique traditionnelle, le point sera ensuite multiplié sur différentes surfaces (draps, torchons, bâches plastiques) de manière aléatoire et réalisé par évidement (trous) ou par ajout (empreintes de peinture à l’aide de petits cercles de feutre…).
Dès ses débuts, Noël Dolla procède par séries faisant référence au contexte politique et social, citons entre autres : « Croix » (1973-1975), dans laquelle il réintroduit la couleur ; « Tarlatane » (1978-1980) ; « Les Trois du Cap » et « Boat People » (années 1980) ; « Tchernobyl » (1986-1990), série peinte de la main droite alors que Dolla est gaucher et l’œil gauche caché ; « Gants à débarbouiller la peinture » (1993-1994) ; « Gâteaux Bobo » (1995-2002).
Cette œuvre est issue de la série « Sniper », commencée en 2018, dont le principe est de fabriquer des taches de peinture avec un pistolet à air comprimé. Elles représentent des « fleurs du mal », jolies au premier abord, terrifiantes quand l’on sait ce dont il s’agit. En bas à gauche, une date est tamponnée : 14 mai 2018. Elle fait référence au jour où Donald Trump a déplacé l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, en Israël. En marge de ce déménagement, cinquante-huit Palestiniens furent tués par des tirs israéliens dans des manifestations à la frontière avec Gaza. Cette tache, peinture explosée, symbolise un individu ; le point noir qu’elle recouvre, la ligne de mire du sniper.
L'arme joue le rôle d’intercesseur entre le corps de l’artiste et la peinture. Ainsi, à distance, Dolla refuse le face-à-face avec le tableau et la projection d’un affect, quel qu’il soit.
À travers cette œuvre, Noël Dolla exprime une nouvelle fois son engagement en s’appropriant un nouveau sujet, terriblement humain, qu’il sublime dans l’exercice de son art.