PERRIN Frank - Happy Self Exploitation (Statement 05)

Né en 1963, Frank Perrin est professeur de philosophie, critique d’art et plasticien. Depuis plus de dix ans, il explore la notion de post-capitalisme. À travers la photographie, il dénonce l’importance des fascinations sociales du monde libéral moderne que sont entre autres le luxe et la mode. « Ce qui m’intéresse, explique l’artiste, c’est de saisir les fantasmes collectifs, les obsessions contemporaines, et série après série, d’en faire une sorte de catalogue raisonné. » Citons entre autres la série « Street » qui représente les grandes avenues des capitales économiques financières à travers le monde, à travers les enseignes de luxe de celles-ci. La ville en tant que telle en est réduite à être la vitrine des commerces de marques, le logo englobant le tout, celui-ci est roi.

Happy Self Exploitation est une estampe, issue de la série « Postcapitalism section 01 », réalisée à partir d’une photographie d’un néon bleu sur fond noir. De Times Square à Las Vegas, le néon est non seulement devenu un des emblèmes ultimes du capitalisme débridé, mais est aussi un cliché de l’art contemporain.

L’artiste dénonce ici la surreprésentation du moi : un paradoxe de notre époque qui consiste à tout montrer pour ne plus rien révéler.

Nous voici entrés dans l’ère de la « happy self exploitation » qu’observe le philosophe Byung-Chul Han, lorsqu’il avance que le capitalisme cognitif entraîne un changement de paradigme. Aujourd’hui, à travers les réseaux sociaux, nous participons avec consentement, voire enthousiasme, à notre propre exploitation, en donnant nos images et autres informations sans restriction aux géants de l’Internet. Nos informations forment alors leur capital.