Erró – Le Sandwich diplomatique
Sérigraphie, 2017, H. 70 x L. 100 cm
Éditeur : CQFI
N° 71/125
Collection : GAC
Numéro d'inventaire : GD2023-34
Issue du fonds Jean Villevieille, éditeur sérigraphe, Saint-Étienne.
Don de Bernard Collet, 2023.
« Tout, absolument tout a déjà été photographié, filmé, dessiné,
alors pourquoi vouloir créer encore de nouvelles images. »
Né en 1932 en Islande, Gudmundur Gudmundsson dit Erró vit et travaille à Paris depuis 1958. Il est l’un des pionniers du mouvement de la Figuration narrative « qui nous apprend à voir ce que nous avons déjà vu » (Paul Fournel). Son œuvre s’attache à la profusion des images et à leur diffusion, inventant des formes de narrations, des grilles de vocabulaire, une grammaire et une rhétorique inédites. Entre 1955 et 1964, Erró met en place sa singularité artistique, passant d’une peinture à la première personne, à un art purement basé sur les images produites par la culture de masse. Son travail se déroule en quatre étapes. La première consiste à accumuler des documents et à découper des fragments d’image (pages de livres, comics, revues d’art, publicités, affiches, bandes dessinées, etc.). Ensuite, il tourne, retourne et juxtapose ces lambeaux d’images pour composer un collage. Les images, jeunes ou laides, cultivées ou ignares, entrent en collision les unes avec les autres, sur la toile. Ce collage est transposé sur un support souvent via un procédé d’agrandissement (reproduction par dessin à main levée ou au moyen d’un épiscope ou projecteur). Enfin, dernière étape, il peint les contours de ses personnages avant de les colorer.
Travaillant par série, il aborde les thèmes de la politique, de la religion, ou encore de l’érotisme, dénonçant l’absurdité de la société contemporaine. Il utilise l’image jusqu’à saturation et compose son œuvre selon des perspectives et des échelles invraisemblables.
Cette sérigraphie est une issue d’une œuvre réalisée en 1988. Elle se compose de personnages de comics américains. À l’arrière-plan, un homme tente de dévorer un sandwich démesurément grand. Sans doute une personnification de l’américanisation ou de la société de consommation débordante. Au premier plan, l’aigle pygargue à tête blanche est l’oiseau national des États-Unis. Il symbolise le président américain, armé de missiles pour accentuer sa toute-puissance. À ses côtés, un lion, qui représente l’Europe à travers le Royaume-Uni.
Erró cherche à interpeller le spectateur, voire à choquer sa sensibilité.
Bibliographie :
Erró au MAC Lyon, hors-série, Beaux-Arts Magazine éditions, octobre 2014.