DÉRIEUX Roger - Sans titre

DÉRIEUX Roger - Sans titre

Estampe, s. d., H. 66 x L. 55 cm
N° 21/50
Collection : GAC
Numéro d'inventaire : G-MS2016-36
Issue de la collection de Michel Sottet.

J'ai trop de succès, je suis déjà empruntée ! Bientôt de retour...


Né à Paris en 1922, décédé en 2015, Roger Dérieux a développé un art empreint de lyrisme et d'élégance. En 1924, il rencontre l'artiste Francis Picabia(1) et, trois ans plus tard, il se lance dans la peinture. En 1943, il est réquisitionné et transféré à Salzbourg pour le Service du travail obligatoire, où il devient peintre de décors au Landestheater. À la fin de la guerre, il entre à l'Académie de la Grande Chaumière dans l'atelier d'André Lhote, artiste attaché au cubisme et dont l'enseignement ainsi que ses écrits firent référence. Avec une grande économie de moyens, il peint des natures mortes, des paysages, des portraits. Il participe avec Debré, Poliakoff, Estève et Soulages aux manifestations artistiques les plus courues de l'après-guerre. Puis, dans les années 1980, au moment où la figuration que l'on dit libre fait son retour, Roger Dérieux se tourne vers l'abstraction, utilisant le collage comme un prolongement de la peinture. Il emploie l'huile pour peindre de fins papiers, ou des morceaux de pages, de partitions, qu'il froisse, puis découpe afin de les agencer en figures abstraites : « Le collage s'est révélé pour moi un espace de liberté aux infinies possibilités et m'a permis d'accéder au pur domaine des valeurs plastiques. » Il pratique le collage comme un peintre : peindre et coller deviennent des actions indissociables. Contrairement aux assemblages des artistes surréalistes comme Kurt Schwitters, Dérieux ne souhaite pas faire apparaître l'origine du papier. Lorsqu'il utilise des imprimés, souvent il les dissimule sous une couche de peinture. Les découpes franches de ses papiers remémorent le souvenir lointain du cubisme.
Les papiers collés de Roger Dérieux évoquent ce que Henry Raynal a appelé une « basse continue » terme emprunté au langage musical, auquel l'artiste est sensible, qui désigne une technique d'improvisation d'une partie à partir d'une base écrite , où peu à peu l'oeuvre se révèle dans un hasard plus ou moins maîtrisé ou un ordre souhaité.

Pour Roger Dérieux, l'image abstraite accorde une place plus pure, plus poétique à la rêverie et permet de retrouver l'émotion ressentie d'un instant qui remonte à la mémoire.

(1) Francis Picabia (1879-1953) est un artiste d'abord impressionniste, puis attiré par le cubisme, il devient enfin un pionnier de l'art abstrait et l'un des principaux représentants du mouvement dada.

Bibliographie
Stéphane Guégan, Gisèle Jacquemet, Roger Dérieux. Voir l'heure dans l'oeil des chats, Saint-Julien Molin-Molette, _Jean-Pierre Huguet éditeur, 2009.

RODE-002