FANTI Lucio - Jeune homme en état de nostalgie
Lithographie en 2 couleurs, s. d., H. 64 x L. 49,5 cm
Imprimée par Edmond et Jacques Desjobert - Éditée par les Éditions Kerlikowsky, Paris-Munich
N° 89/100
Collection : GAC
Numéro d'inventaire : G-MS2016-38
Issue de la collection de Michel Sottet.
Né à Bologne (Italie) en 1945, Lucio Fanti vit et travaille à Paris depuis 1965. De_s 1968, il participe au Salon de la Jeune peinture avec les peintres du groupe de la Figuration narrative. Son premier travail est réalisé à partir de clichés photographiques russes dénonçant la dérive du régime communiste. Puis, il développe un oeuvre plus intime avec des tableaux dédiés à la figure tragique du poète Vladimir Maïakovski. Enfin, la nature prend de plus en plus d'importance et finit par faire l'objet d'une série dédiée aux vignes. Paralle_lement, depuis 1973, Lucio Fanti a re_alise_ une trentaine de de_cors de the_a_tre et d'ope_ra pour des metteurs en sce_ne europe_ens. En 1986, il obtient le Laurence Olivier Award du meilleur de_cor de l'anne_e en Grande-Bretagne.
Jeune homme en état de nostalgie fait partie de la série « La barque de la poésie s'est brisée contre la vie quotidienne » consacré au poète ukrainien Vladimir Maïakovski (1893-1930). Vivant à Moscou, militant bolchévique, il est condamné en 1908 à une année de détention durant laquelle il lit les grands auteurs russes. En 1910, il publie ses premiers poèmes. Sa taille de géant (il mesurait plus de deux mètres) et sa voix profonde, sa nature joyeuse et ardente, lui ont valu une immense popularité. Il introduit dans la poésie la langue parlée et les ruptures de rythme. Anarchiste viril, il devient le meneur du futurisme, mouvement dont il semble avoir inventé le nom, et, par-dessus tout, messager de la révolution. En 1913, il compose un poème dramatique qui porte son nom « Vladimir Maïakovski ». Après la révolution d'octobre en 1917, il fait de son art un instrument politique notamment dans ses poèmes « Mystère-Bouffe » (1918), « 150 000 000 » (1919-1920) et « Lénine » (1925). Déchiré entre la poésie et le combat partisan, sa passion révolutionnaire et sa douleur de perdre sa voix prodigieuse l'empêchant désormais de déclamer ses poèmes, il finit par tomber dans un profond désarroi. Il se tire une balle dans le coeur le 14 avril 1930, après avoir écrit son épitaphe : « La barque de l'amour s'est brisée contre la vie courante ». Lucio Fanti a repris les derniers mots de Maïakovski, mais avec une différence. Il ne s'agit plus de la barque de l'« amour » mais de la « poésie » elle-même, la poésie créatrice de mythe : c'est tout l'édifice qui s'effondre. Sur un sol en damier (clin d'oeil à l'échiquier), est posé un portrait du poète. Une feuille de vigne vient le recouvrir partiellement présageant l'oubli de son oeuvre.