METOUI Lassaâd - Senteur
Estampe, s. d., H. 76 x L. 56 cm
Editeur : Jean-Pierre Huguet éditeur
N° 17/20
Collection : Ville d'Annonay
Numéro d'inventaire : M2016-11
Lassaâd Metoui est né en 1963 à Gabès dans le sud de la Tunisie. Dès l'âge de 5 ans, il fait sa toute première découverte de l'écriture et dès lors il ne va pas cesser de fréquenter les centres d'animation artistique. Ainsi, à 16 ans, il décide de devenir artiste. Il suit une formation artistique et calligraphique durant six années, aux Ateliers d'arts de Gabès auprès de grands maîtres tels Abbas Taba, Jajali et Salah Jemni. Il parfait sa formation en France et en Belgique. Entre 1993 et 2009, une quarantaine d'ouvrages est publiée dans lesquels sont couplés, s'entrecroisent et se confrontent des textes d'auteurs et les créations plastiques de Lassaâd Metoui. Ses oeuvres sont le plus souvent ombiliquées à des mots auxquels elles répondent par des chants rythmiques visuels.
Lassaâd Metoui honore un mot calligraphié par une oeuvre plastique : ici il s'agit du mot « Senteur ». Cette estampe fait partie d'une série de douze réalisations : Lumineux, Sérénade, Immensité 1, Symbole, Immensité 2, Sentence, Offrande, Surface, Émerveillement, Béat, Infini, Senteur. Ces mots relèvent de plusieurs champs lexicaux comme l'espace ou l'univers. Sur l'ensemble de la surface se déroule un large ruban en zigzag. Ce ruban bleu, qui oscille entre densité et transparence, nous guide vers la retranscription en arabe du mot « Senteur ». D'autres coups de brosse, taches et coulures de couleurs vives créent ce contraste d'épaisseur et de matière qui introduit cette dynamique et ce sens rythmique propres à Lassaâd Metoui. Il joue des rapports de transparence et de matité. Ces grands signes plastiques ne sont pas sans rappeler l'essence de l'écriture. Cette estampe plastico-calligraphique, abstraite, suscite chez le spectateur une activité « imageante » sans « illustrer » au sens propre le mot par des « images ». L'ilot scriptural est très dense. Les espaces interstitiels sont colorés, en harmonie avec le chromatisme des grandes formes de l'oeuvre, entraînant alors une sorte d'effet visuel qui renvoie à la mosaïque. L'artiste ménage tout autour des lettres, la présence d'un fin filet blanc venu du fond du papier en réserve. Même intense, l'écriture est distincte. L'oeil passe du vif et du saturé à des stries, des aplats, des rubans, où les lignes plus ou moins discontinues de la couleur et du blanc du papier déploient leur magnifique vibration. Grâce aux formes, aux aplats, aux transparences et aux couleurs, Lassaâd Metoui oeuvre les mots.
Bibliographie :
Bruno Duborgel, Lassaâd Metoui. Art, amour, calligraphie, Éditions du Rocher, 2009.