MONTELLIER Chantal - Nous sommes tous des dessinatrices afghanes

MONTELLIER Chantal - Nous sommes tous des dessinatrices afghanes

Sérigraphie, 2013, H. 50 x L. 35 cm
Editeur : Jean Villevieille
N° 88/100
Collection : GAC
Numéro d'inventaire : GV.2015.41
Issue du fonds Jean Villevieille, éditeur sérigraphe, Saint-Étienne.

J'ai trop de succès, je suis déjà empruntée ! Bientôt de retour...


Née en 1947, Chantal Montellier est une dessinatrice de bandes dessinées, diplômée de l'école des Beaux-Arts de Saint-Étienne. Première femme dessinatrice politique, elle se fait remarquer grâce une série de dessins sur les bavures policières, publiée dans un journal de BD féminine Ah ! Nana, fondé en 1976 par Janic Dionnet et Trina Robbins dont la ligne éditoriale était de développer des portraits de femmes qui se sont imposées dans des activités typiquement masculines. Le neuvième numéro (septembre 1978), consacré à l'inceste, marque la fin du journal, interdit d'affichage. La couverture représentait trois adolescentes blondinettes dessinées comme sur une revue à l'intention des jeunes filles, avec des ceintures sur lesquelles était brodé « Bonne fête papa ». Les sujets âpres de Chantal Montellier s'attaquent au terrorisme d'État, au viol, à l'enfermement, à la déshumanisation de nos sociétés modernes, au monde de l'art gangrené par le cynisme, l'argent et l'individualisme. Elle a publié près de vingt albums de bandes dessinées, dont Les Rêves du fou, Odile et les crocodiles ou encore La Fosse aux serpents.

Chantal Montellier reprend un élément constituant un dessin de l'artiste Brito intitulé Situation dominante. Une femme afghane est crucifiée sur une croix faite de crayons à papier et poignardée par une paire de ciseaux. De l'un des crayons coule le sang de cette femme. La palette chromatique de la dessinatrice est réduite au noir, blanc et rouge pour mettre en avant le trait et la critique dramatique. Elle souhaite dénoncer le fait que cette femme a été condamnée à mort sous prétexte qu'elle a voulu échapper à sa condition et la dénoncer : mariage forcé, violences conjugales, non-scolarisation, critique des dirigeants, etc. Même si depuis la chute des Talibans, qui ont gouverné l'Afghanistan entre 1996 et 2001, les femmes du pays ont pu retrouver quelques droits, ceux-ci restent fragiles. L'attentat visant la féministe et députée Shukria Barakzai en novembre 2014 en est la preuve. Ce dessin peut également faire écho à l'incarcération en janvier 2015 de la dessinatrice satirique iranienne Atena Farghadani, condamnée à 12 ans et neuf mois de prison pour son militantisme pacifique, notamment pour avoir rencontré des familles de prisonniers politiques et dessiné les législateurs sous les traits de singes, de vaches et d'autres animaux. En somme, où que nous soyons dans le monde, n'oublions pas que nous sommes tous des dessinatrices afghanes

CHMO-001