MONTELLIER Chantal - T'as de belles griffes, tu sais.
Sérigraphie, 2003, H. 50 x L. 35 cm
Editeur : Jean Villevieille
N° 72/100
Collection : GAC
Numéro d'inventaire : GV.2015.43
Issue du fonds Jean Villevieille, éditeur sérigraphe, Saint-Étienne.
Née en 1947, Chantal Montellier est une dessinatrice de bandes dessinées, diplômée de l'école des Beaux-Arts de Saint-Étienne. Première femme dessinatrice politique, elle se fait remarquer grâce une série de dessins sur les bavures policières, publiée dans un journal de BD féminine Ah ! Nana, fondé en 1976 par Janic Dionnet et Trina Robbins dont la ligne éditoriale était de développer des portraits de femmes qui se sont imposées dans des activités typiquement masculines. Le neuvième numéro (septembre 1978), consacré à l'inceste, marque la fin du journal, interdit d'affichage. La couverture représentait trois adolescentes blondinettes dessinées comme sur une revue à l'intention des jeunes filles, avec des ceintures sur lesquelles était brodé « Bonne fête papa ». Les sujets âpres de Chantal Montellier s'attaquent au terrorisme d'État, au viol, à l'enfermement, à la déshumanisation de nos sociétés modernes, au monde de l'art gangrené par le cynisme, l'argent et l'individualisme. Elle a publié près de vingt albums de bandes dessinées, dont Les Rêves du fou, Odile et les crocodiles ou encore La Fosse aux serpents.
Chantal Montellier semble avoir extrait cette vignette d'une planche de bande dessinée. Une nuit de pleine lune, un chat noir et une femme nue se font face dans le couloir d'un immeuble (sans doute abandonné, au vu des végétaux qui l'envahissent). Le chat interpelle la jeune femme : « T'as de belles griffes, tu sais. » L'artiste détourne ici la célèbre réplique, « T'as de beaux yeux, tu sais », adressée par Jean Gabin à Michèle Morgan dans le film Le Quai des brumes de Marcel Carné (1938). Ici, Chantal Montellier porte un intérêt pour le côté animal de la femme et fait également allusion à l'expression « sortir ses griffes » qui figure le fait de manifester de l'agressivité, d'être sur la défensive. L'artiste joue également avec les connotations souvent négatives liées au chat noir depuis l'Antiquité jusqu'au Moyen Âge. Au xiie siècle, la légende veut que les sorcières se transforment en chats et pénètrent la nuit dans les maisons pour enlever les enfants, tout en poussant des hurlements effrayants. À travers ce dessin, Chantal Montellier nous dresse un portrait moderne de la sorcière et du chat noir : une femme indépendante, libre, affirmant ses choix