GRANJABIEL - Cadavre exquis

« S’il n’existait qu’une seule vérité, on ne pourrait
peindre des centaines de tableaux sur un même sujet. »

Pablo Picasso

Né en 1951, Granjabiel, alias Jean-Gabriel Monnier, est un peintre illustrateur diplômé de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Il a été enseignant à l’école des Beaux-Arts de Cambrai, puis à Orléans.

Granjabiel est un contemplatif actif. Il travaille ses dessins par séries jusqu’à épuisement du sujet, une série en amenant une autre. La pratique du dessin est essentielle dans son œuvre : c’est au fond une discipline alliant méditation, introspection, concentration et lâcher-prise. D’ailleurs, l’artiste aime partager et travailler ces états avec divers publics et groupes au sein d’endroits moins prisés que les galeries, tels des centres sociaux ou des centres d’hébergement et de réinsertion sociale.

Cette estampe est issue d’une série intitulée « Méditation graphique ». Ce travail s’élabore par répétitions, variations et accumulations créant une sorte d’enfermement charpenté, une structure apaisante ou encore une addiction enchantée. Granjabiel interroge le rythme ainsi que l’union des formes animales et humaines dont la ligne évoque une rondeur enfantine, presque rassurante. Autour d’un squelette mi-humain mi-animal s’articule une multitude d’animaux tendant parfois vers le monstre mythologique : oiseaux, serpent, singe, grenouille, visage d’homme dans la gueule d’un cervidé, etc. La mort au centre donne pourtant la vie à un nourrisson. L’artiste évoque ses inquiétudes à travers cette danse macabre dans laquelle le monde animal est en danger. Granjabiel prend la liberté de réinventer un monde à sa mesure, d’en limiter les frontières, de les déplacer ou de les abolir. Un dernier monstre marin surgit en couleur pour rehausser l’ensemble.